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Jean-Luc Boujon, édité par Gauthier Delomez , modifié à
L'autorisation du port du burkini dans les piscines municipales est en débat à Grenoble. Le maire écologiste Éric Piolle y est favorable mais il est confronté à une opposition hostile. Alors qu'un vote sur ce projet doit se tenir lundi, Europe 1 a rencontré les premières concernées, les femmes musulmanes, pour connaître leurs positions.

Faut-il autoriser le port du burkini dans les piscines municipales ? À Grenoble, le débat enflamme le conseil municipal depuis une semaine, alors qu'un vote doit se tenir lundi sur la question. D'un côté, le maire écologiste Éric Piolle porte la mesure au nom de la liberté de choix pour les femmes. De l'autre, une opposition hostile, y compris dans les rangs de la majorité grenobloise, refuse le burkini comme symbole de la soumission de la femme. Mais, qu'en pensent les principales intéressées, les femmes musulmanes de Grenoble ? Europe 1 leur a posé la question.

D'abord, beaucoup de femmes sont loin des débats enflammés qui agitent la sphère politique. Pas question pour elles d'en faire un combat de civilisation, même si le sujet est tout de même important à leurs yeux. Par exemple, le burkini permettrait enfin à Olfa d'accompagner ses enfants à la piscine, ce qui n'est pas possible aujourd'hui.

"Beaucoup d'enfants ne peuvent pas aller à la piscine"

"Comme le burkini est interdit, il y a beaucoup d'enfants qui ne peuvent pas aller à piscine car leur maman ne peut pas aller avec eux", explique-t-elle au micro d'Europe 1. Olfa s'organise donc, comme elle peut : "Moi, aujourd'hui, je peux rester surveiller dans les vestiaires, mais je ne peux pas aller dans l'eau. Donc le burkini serait une bonne chose, un progrès."

Sabrina a 17 ans. Elle aussi portera le burkini à la piscine, s'il est autorisé, au nom de sa liberté de jeune femme. "On est libres, on est en France, c'est la liberté. Et le burkini, c'est important dans notre religion. J'entends que c'est l'homme qui l'imposerait à la femme. Moi, pas du tout, ce sera mon choix à moi !", insiste-t-elle.

Un mauvais combat

Il reste que beaucoup de femmes musulmanes, surtout celles de 30 ou 40 ans, n'en voient pas l'utilité. Pour Chérifa et Sarah, c'est un mauvais combat. "Le burkini, je suis contre", affirme la première. "D'abord je trouve ça vulgaire, c'est trop moulant. Et puis ça fait des histoires pour rien", assure-t-elle, soulignant que cela donnait une mauvaise image à la religion. "Je vais à la piscine en maillot de bain depuis des années et ça se passe très bien. Ça ne va pas dans notre sens, ça ne donne pas une bonne image des musulmans. Ceux qui ont décidé de mettre le foulard n'ont rien à faire dans une piscine municipale", tranche Chérifa.

Sarah enchaîne : "Je suis de religion musulmane mais je vis dans un pays européen. Donc je m'adapte et non l'inverse." Et ces femmes de conclure : "On doit respecter les règles en vigueur autour de nous. Et franchement, l'été, on est quand mieux en maillot de bain !"