Prix dans l'agriculture : "Partir des coûts de production est nécessaire", estime Christiane Lambert

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Ugo Pascolo , modifié à
Quelques heures avant sa rencontre avec Emmanuel Macron, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, revient sur la préoccupation majeure des syndicats agricoles : l’augmentation des revenus des agriculteurs.
INTERVIEW

"C'est comme à la Coupe du monde : tant que ce n'est pas sifflé, ce n'est pas terminé". Invitée d'Europe 1 Matin, vendredi, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA est revenue sur les sujets qui seront discutés à l'Elysée avec les autres syndicats d'agriculteurs, à l'Elysée, lors d'une rencontre avec Emmanuel Macron. "Il y a un mois, 10.000 agriculteurs sont descendus dans la rue à notre appel, c'est qu'il y a un problème. Ils ont besoin d'avoir des assurances d'Emmanuel Macron", note-t-elle. 

Améliorer le revenu des agriculteurs. C'est le point chaud de la rencontre : la rémunération des agriculteurs. Même si "les débats des états généraux se sont bien déroulés, ceux de la loi [Alimentation, ndlr] dans les deux assemblées sont compliqués", rappelle Christiane Lambert. "On est dans la phase finale, dans les prolongations. Et il y a quelques cartons rouges : tous les dispositifs annoncés par Emmanuel Macron pour amener de la valeur ajoutée aux agriculteurs ne sont pas au rendez-vous. On travaille encore avec les députés, les sénateurs, le président et ses équipes pour avoir tous les outils pour améliorer les revenus des agriculteurs". 

Des "niveaux de production premium". Au cœur de la guerre pour l'augmentation des revenus, il y a la bataille des prix. Revoir la façon dont ils sont calculés est un des enjeux majeurs de la loi Alimentation, "mais il manque certains éléments", rappelle la présidente de la FNSEA. "Partir des coûts de production est nécessaire, sinon on importe du low-cost. Mais on veut qu'il y ait des indicateurs de coût de production français qui soient fiables. Aujourd'hui, il y a un débat pour connaître ces indicateurs : on ne veut pas que ce soit les grands distributeurs qui les fixent. Sur ce point, le gouvernement ne nous suit pas", détaille la présidente de la FNSEA.

"Il faut considérer que les agriculteurs français ont des niveaux de production premium qui nécessitent des rémunérations supérieures à ce que l'on peut produire à l'autre bout du monde sans aucune règle. (...) La confiance faite aux acteurs est importante, mais quand certains ne jouent pas le jeu, l'Etat doit être en mesure de taper du poing sur la table", avance-t-elle.

Être compétitif. En plus de la lenteur des débats, ce qui inquiète les syndicats d'agriculteurs est le retard pris. Alors que le dossier devait être bouclé fin juin, il est désormais annoncé pour octobre. "Nous sommes très déçus du retard", réagit la président de la FNSEA. "Les négociations commerciales [qui fixent les prix, ndlr] démarrent le 1er octobre, ça ne sera pas prêt. Et c'est pour cela que nous souhaitons qu'Emmanuel Macron mesure l'urgence d'en finir aujourd'hui avec un retour de valeur aux producteurs. On a vu des débats pour rajouter des charges, mais pas de valeur. (...) L'inquiétude porte également sur le déficit de compétitivité des agriculteurs français : on nous dit qu'il faut monter en gamme, mais il y a une forte demande sur des produits d'entrée de gamme comme la volaille ou le vin", détaille Christiane Lambert. "La France est le second importateur de vins en cubi d'entrée de gamme, les Français ont besoin d'acheter ces vins-là et nous devons être compétitifs".